Enseignement

Notre paroissienne Madalina Muresan, enseignante au lycée de Grenoble, nous propose un résumé de ce livre de Jean-Claude Larchet, actuellement d’actualité. Ce résumé a été lu aux paroissiens et aux élèves de la session « icône Vercors » à l’issue de la liturgie du dimanche 9 mai dernier.

Jean-Claude Larchet, Pour une petite théologie pour les temps de pandémie, Éditions des Syrtes,

2001.

Ce livre propose une synthèse des problèmes actuels se rattachant à l’épidémie de Covid-19 et analyse les solutions trouvées pour continuer à mener une vie chrétienne. L’auteur étudie avec minutie les différents aspects de la situation tout en citant et en commentant des sources classiques et contemporaines. Se situant dans la perspective de l’orthodoxie, il rappelle que l’Eglise et tous les chrétiens doivent continuer de prier Dieu pour que le fléau cesse. Les prières permettent d’affronter les épreuves chaque jour, de continuer la vie spirituelle sans perdre l’espoir et d’apporter l’aide nécessaire aux malades. J.-C. Larchet cite des cas précis où les épidémies ont cessé dans certaines régions suite aux prières, aux processions d’icônes et/ou de reliques et à la bénédiction des lieux. Saint Charalampos, par exemple, prêtre chrétien et martyr du IIIe siècle, est renommé pour son intercession contre la peste, le choléra et les maladies du bétail. Cependant, les évènements suivent toujours leur cours implacablement. Personne ne peut empêcher le déroulement des guerres, l’avènement des catastrophes naturelles et la propagation des épidémies à grande échelle. Notre monde actuel se caractérise par la multiplication des péchés, de comportements immoraux et de pratiques matérielles opposées à la tradition chrétienne. Cela peut engendrer le désordre d’une manière générale, avec tout ce que cela implique : la mort, la solitude, le désespoir, les incertitudes, les restrictions, la peur, le changement des mœurs et des règles. La vie de l’Eglise a été perturbée à cause de l’impossibilité de fréquenter les lieux de culte, de participer aux célébrations et aux pèlerinages et de recevoir les saints dons durant certaines périodes. Le livre est composé de trois grandes parties, dont la première est consacrée au questionnement sur la relation entre Dieu et l’épidémie. L’auteur rappelle qu’à travers les siècles, les fléaux ont été vus comme un châtiment divin permettant aussi d’éduquer l’humanité, comme le montrent les références patristiques et les livres de prières. J.-C. Larchet évoque ensuite les limites de cette conception du point de vue rationnel, spirituel et théologique. Dieu reste tout-puissant et s’il ne cause pas lui-même les maladies, il les permet, affirment les Pères de l’Eglise et les théologiens. Les hommes, suite à leur libre arbitre, commettent des péchés, tout en s’éloignant du droit chemin. La divinité pourrait empêcher l’avènement du mal, mais elle ne respecterait pas la liberté de l’homme dans ce cas. La nature profite d’une certaine autonomie, un combat permanent s’établit entre les forces du Bien et celles du Mal. Aujourd’hui, comme dans d’autres moments critiques de l’histoire de d’humanité c’est donc le moment propice pour se repentir et demander la miséricorde divine. Tous les chrétiens se réunissent et prient pour que l’épidémie cesse. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, l’auteur parle de la période de confinement du printemps 2020 qui a signifié l’arrêt de presque toutes les activités sur le plan social et religieux, afin de limiter la contagion et la propagation du Covid-19. Il rappelle le refus du confinement par les extrémistes et les théories complotistes et signale l’acceptation du confinement par l’Eglise orthodoxe. Il énumère quelques leçons à tirer pour les prochaines périodes similaires, ainsi que les modalités de poursuivre la vie chrétienne dans les temps de confinement. Par exemple, il y a la possibilité de suivre la Liturgie transmise à la télévision ou sur Internet. Larchet analyse aussi le débat qui concerne les icônes, les reliques et La Croix, porteuses d’énergies divines et sources de miracles, des guérisons de maladies corporelles et spirituelles. Les consignes sanitaires actuelles interdisant tout contact physique ne peuvent en aucun cas empêcher les effets positifs de ces objets sacrés. Au contraire, on observe un renforcement de la relation entre les fidèles et les icônes sur le plan spirituel et sans contact physique : il suffit d’invoquer mentalement le saint représenté pour qu’il nous aide. L’auteur aborde ensuite la question de la communion eucharistique en réaffirmant que le sacrement qui est le corps et le sang du Christ a uniquement des vertus thérapeutiques. Il ne peut en aucun cas être porteur de microbes. A travers les siècles, les prêtres et les diacres ont donné la communion à des fidèles gravement malades dans des hôpitaux, en léproseries ou dans d’autre endroits similaires. Ils ont utilisé la cuiller unique en or sans jamais la désinfecter, qui avait été plongée dans le calice. Ils ont consommé eux-mêmes ensuite les restes des Saints Dons tout en restant en bonne santé. L’auteur énumère quelques exemples frappants du XXe siècle : celui de saint

Antoine de Chios qui a été aumônier d’une léproserie, celui du père Chrysanthos qui a été de 1947 à 1957 le prêtre de la léproserie de l’île de Spinalonga en Crète, celui de saint Jean Maximovitch qui consomma une partie de la communion tombée de la bouche d’une femme qui avait contractée la rage. La leçon à tirer est que les énergies divines ont le pouvoir de rendre inactifs les virus et les bactéries. Des méthodes alternatives ont été proposées par les autorités pendant l’épidémie de Covid-19, comme celle d’utiliser la cuiller individuelle, ou de verser la communion dans la bouche du fidèle sans toucher ses lèvres ou encore de désinfecter la cuiller après chaque utilisation. L’auteur du livre démontre en utilisant différents types d’arguments que ces pratiques ne sont pas contraires à la tradition religieuse parce que ce qui compte finalement est de prendre la communion. Dans la dernière partie de l’ouvrage, on insiste sur le fait que le chrétien est invité à dépasser cette situation actuelle stressante, à garder l’espoir et à continuer ses prières pour acquérir la paix intérieure. Par ailleurs, il pourrait se familiariser avec l’idée de la mort et même s’y préparer. Le chrétien n’a pas peur de la mort, celle-ci n’est que la fin d’une étape terrestre et l’ouverture vers la vie céleste près de Dieu. Le passage d’un monde à l’autre n’est pas à craindre car il est dans l’ordre des choses. Durant toute sa vie, l’homme s’est préparé progressivement à quitter ce monde des vivants pour pénétrer dans l’univers céleste et se rapprocher de la lumière divine. Les différentes épreuves de son existence, les peines, les maladies et les épidémies ne font qu’aviver sa conscience de la mort et lui permettre de se préparer à une fin qui surviendra un jour quoi que l’on fasse.

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